L’annonce des chiffres de ponctualité mensuels de la ligne est toujours un sujet d’étonnement pour de nombreux usagers. La communication du chiffre de la ponctualité globale lors des réunions publiques de Montgeron et de Ballancourt n’a évidemment pas fait exception, et des questions ont été posées.

La SNCF est revenue sur une des pages de sa présentation, celle présentant la ponctualité par branche lors des pointes du matin et du soir:

Rappelons que le calcul de la ponctualité se distingue de celui de la régularité qui était en vigueur jusqu’à l’année 2011.

• Régularité: pourcentage des trains qui arrivent à leur terminus commercial à l’heure ou avec un retard de moins de 5 minutes
• Ponctualité: pourcentage des voyageurs qui arrivent à leur gare d’arrivée à l’heure ou avec un retard de moins de 5 minutes

La régularité ne s’attache qu’aux trains et n’a qu’un rapport lointain avec la perception de la majorité des voyageurs. Regardons par exemple un train LOVA, entre Corbeil et Orry via Paris. La régularité s’attache au retard du train à son arrivée à Orry. Or, les voyageurs montant dans ce LOVA au sud de Paris le quitteront pour leur majorité à Juvisy, dans l’une des 3 gares parisiennes ou à Stade de France. Et c’est donc le retard dans ces gares qui intéressent ces voyageurs du sud de la ligne, pas celui à Orry.

C’est pourquoi il y a quelques années la SNCF a formalisé le concept de ponctualité. La SNCF a d’abord dû déterminer, pour chaque train, pour chaque horaire (semaine, samedi, dimanche) combien de voyageurs montaient dans une gare, et pour ceux-ci combien ils étaient à descendre dans chacune des gares suivantes. Cela s’est fait sur différentes bases dans les comptages.

La SNCF a donc déterminé que dans le train de 7h45 en semaine, 100 voyageurs montent à la gare A, 50 descendant ensuite à la gare B, 25 à la gare C, 15 à la gare D et 10 à la gare E (ici, les chiffres sont simplifiés). On regarde ensuite ce qui est arrivé aux 4 groupes de 50, 25, 15 et 10 voyageurs.

• si le train est arrivé à une des gares avec un retard inférieur à 5 minutes, les voyageurs sont comptés à l’heure
• si le train est arrivé à cette gare avec un retard supérieur à 5 minutes, les voyageurs sont comptés en retard

Dans l’exemple précédent, si les retards à l’arrivée en gares de B et C étaient supérieurs à 5 min, si en gares de D et E ils étaient inférieurs à 5 min, on aura sur les 100 voyageurs montés en gare de A, 50 + 25 voyageurs en retard, 15 + 10 voyageurs à l’heure. Il faut ensuite additionner tous les voyageurs du train en fonction de leur gare de départ, puis les voyageurs de tous les trains.

Si le train précédent, prévu à 7h30, avait un retard de 15 minutes, il sera en fait passé à l’heure du train de 7h45. Les voyageurs qui attendaient le train de 7h45 pourront en principe monter, comme ceux qui attendaient ce train de 7h30. Si le train conserve ses 15 minutes de retard tout au long du parcours:

• les voyageurs qui devaient prendre le train de 7h30 auront tous 15 minutes de retard, et seront donc tous comptés en retard
• les voyageurs qui devaient prendre le train de 7h45 mais qui ont pris le train de 7h30 en retard seront, eux, comptés à l’heure (puisqu’ils arrivent tous à l’horaire auquel ils auraient dû arriver)

Si un train est supprimé, ses voyageurs sont comptés en retard dès lors qu’ils n’ont pas eu de solution (un autre train) pour arriver à leur heure théorique d’arrivée à 5 min près.

Dans le cas précédent, si le train de 7h45 est supprimé, ses voyageurs seront malgré tout comptés à l’heure puisqu’ils auront pu emprunter celui de 7h30.

On voit donc que la ponctualité prend davantage en compte la vue du voyageur.

Cependant, le chiffre de ponctualité de la ligne (par exemple 85 %) cache pas mal de disparités:

• il inclut aussi bien les heures de pointe que les heures creuses de journée ou de soirée, les jours de semaine que les week-ends. Attention cependant, puisqu’il y a plus de voyageurs en heure de pointe, un retard d’un train en heure de pointe (jusqu’à 2000 voyageurs en retard) compte davantage que celui d’un dimanche en début de matinée (50 ou 100 voyageurs en retard)
• il inclut les chiffres de toutes les gares au départ ou à l’arrivée. Toutes les gares entre Villiers-le-Bel et Châtelet-Les Halles, ainsi que Maisons-Alfort disposent à l’heure de pointe de 12 trains par heure, soit à peu près un toutes les 5 minutes. Gare de Lyon et Villeneuve disposent même de 16 trains par heure.
  Même si tous les trains ont 10 minutes ou 1 heure de retard uniformément, la plupart des voyageurs seront comptés à l’heure. Avec un train toutes les 5 minutes, les voyageurs ont de grandes chances d’arriver à l’heure. Il n’en est pas de même sur une branche où ne circule qu’un train toutes les 15 minutes, voire moins.
  La ponctualité des branches est donc toujours inférieure à celle du tronçon central, et à celle, globale, de la ligne.

2 précisions, qu’il faut impérativement garder à l’esprit:

• les trajets St-Denis – Paris-Nord et Paris-Nord – Châtelet-Les Halles sont considérés comme équivalents entre les lignes D et H d’une part, entre les lignes D et B d’autre part. On pourra donc avoir des ponctualités non nulles sur ces sections, même en l’absence de toute circulation sur la ligne D
• le calcul ne tient pas compte de l’éventuelle surcharge du train. Si on prend un cas extrême où le train de 7h45 circule à l’heure mais où les 2 ou 3 trains précédents ont été supprimés à la suite. Les voyageurs seront éventuellement comptés comme à l’heure même s’ils n’ont pas réussi à monter parce que le train était surchargé dès la 2e gare de son trajet.

Le schéma ci-dessus montre bien les disparités qui existent entre les différentes sections de la ligne, et entre la pointe du matin et la pointe du soir (les heures creuses et le week-end ne sont pas présentés sur ce schéma).

Il est possible de vérifier la ponctualité entre une gare A et une gare B, un jour déterminé, dans une tranche horaire déterminée (6h-10h, 10h-16h, 16h-20h, journée complète) grâce au site maponctualite.transilien.com.

Voici l’effet d’une rupture de caténaire à proximité de Gare du Nord quand on effectue le trajet Paris-Gare de Lyon > Mennecy le soir (image de droite, 7 décembre 2016, par rapport à l’image de gauche, 6 décembre 2016)